Coup d’œil sur les pièces en or de Colombie

Coup d’œil sur les pièces en or de Colombie

De nombreux articles sont consacrés aux pièces en or mexicaines de type pesos, pourtant il suffit de descendre un peu plus au sud de l’Amérique centrale pour trouver d’autres pièces en or, nettement moins connues.

En effet, le cas des pièces colombiennes en or est nettement moins documenté que celui des pesos mexicains ou autres pièces en or d’investissement, c’est pourquoi il semble intéressant de s’y attarder quelque peu. Les périodes successives qui ont caractérisé l’Histoire de la Colombie en font un pays passionnant à bien des égards, au même titre que d’autres pays d’Amérique latine. Ce passé historique chargé se retrouve également sur les pièces en or du pays, qui jouissent d’une certaine réputation auprès des numismates.

La colonisation

La première période ayant laissé sa trace sur les pièces en or du pays est évidemment la période coloniale qui dura un peu plus de deux siècles et demi (de 1550 à 1810). Les espagnols étaient avides d’or, que l’on trouvait en quantité notable sur le continent américain et dont une partie importante était ensuite rapportée en Espagne ou il permettait de s’assurer un statut social élevé.

Il est donc naturel que les premières pièces virent le jour à cette époque, le premier atelier colombien fut créé en 1621 par l’ingénieur Alonso Turrillo de Yebra. Les premières pièces en or à être frappées sur le continent sud américaine furent les « macuquinas » ou doublons. Ils étaient équivalents à deux escudos, on trouvait alors des doublons de 1, 2, 4 et 8 escudos. L’avers représentait le profil de Charles IV, orienté vers la droite, tandis que le revers donnait à voir des armoiries au centre d’une Chaine de l’Ordre. D’abord d’une forme assez approximative, la frappe gagna en précision avec le développement d’une production plus industrielle caractérisée par des machines sous le règne de Fernand VI.

Première République et guerre civile

Puis vint l’installation de la première République colombienne suite à l’expulsion des espagnols. Pourtant, une guerre civile éclata entre centristes et partisans de l’autonomie des régions, ce qui facilita la reconquête par les espagnols. L’indépendance totale fut obtenue en 1819, c’est à cette époque que le real fut remplacé par le peso colombien. Pour la première fois, la corne d’abondance fit son apparition sur les pièces en or, toujours représentée comme déversant de l’or et des fruits tropicaux.

La partie supérieure de la pièce donne à voir la première lettre de l’atelier d’émission (M : Medellin, SM : Santa Marta, B : Bogotta, etc). Des graveurs célèbres tels que Francisco Rodriguez ou Juan José Trujillo y Mutienx se succédèrent laissant également leurs initiales sur les pièces (respectivement F, puis J). Le condor commença progressivement à faire son apparition sur le revers, survolant généralement les armoiries de la Colombie.

L’émancipation

La République définitive fut instaurée et avec elle, les premières pièces en or de 5 et 10 pesos firent leur apparition. Celles-ci font probablement partie des plus prisées par les numismates du monde entier. On y voit une représentation de Simon Bolivar sur l’avers tandis que l’on retrouve le condor sur le revers. Cette pièce n’est pas seulement la préférée des collectionneurs mais des colombiens eux-mêmes qui y voient le symbole de la fin des luttes, de la guerre civile et de la domination espagnole.